Suite à la mort de Nahel à Nanterre et une semaine de violences urbaines, un revirement de situation s’est produit à l’Assemblée nationale française. La France insoumise (LFI), qui avait été critiquée pour ne pas avoir appelé au calme dans les banlieues, s’est retrouvée sur le banc des accusés face à un gouvernement qui a choisi d’adopter une position offensive. La Première ministre et la majorité se sont presque transformées en chefs de l’opposition, en portant des accusations contre les membres de LFI.
Cette inversion des rôles a été clairement établie dès la première question posée par Mathilde Panot, présidente du groupe LFI. Une grande partie de l’Hémicycle, de la majorité jusqu’à l’extrême droite, a répondu en chœur en accusant les insoumis de vouloir faire porter la responsabilité de la colère à d’autres. La réponse d’Élisabeth Borne, sans véritable élément de réponse aux questions politiques de l’opposition, a été une attaque en règle contre la France insoumise.
La Première ministre a reproché à LFI de chercher des coupables partout, sauf parmi les auteurs des violences, et d’avoir choisi l’outrance et la brutalité verbale ainsi que de constamment excuser la violence. Les membres de la majorité ont chaleureusement applaudi cette réponse, tandis que les insoumis semblaient groggy et relativement calmes.
Les accusations ont continué de fuser de la part de la majorité, du gouvernement et même de certains membres de Les Républicains (LR). Lorsqu’Élisabeth Borne s’est adressée aux insoumis, ces derniers se sont-ils sentis visés lorsqu’elle parlait des élus attachés aux valeurs de la République ? Les insoumis n’ont pas protesté. Les attaques se sont poursuivies sans relâche, et Gérald Darmanin a déclaré que les membres de LFI n’étaient pas des révolutionnaires, mais des petits révoltés.
Pendant ce temps, les autres partis d’opposition ont également exprimé leur désaccord avec les violences, tout en adoptant un discours radical similaire à celui de LFI. La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Châtelain, a dénoncé les actes de violence tout en affirmant que la réalité en France était marquée par une inégalité entre les vies et les territoires. Elle a proposé des mesures d’apaisement, telles que la modification de la loi sur la légitime défense, le retour de la police de proximité et des mesures de lutte contre les discriminations et le racisme.
Dans sa réponse, Élisabeth Borne a décerné un brevet de républicanisme à tous les groupes, à l’exception de LFI et du Rassemblement National (RN). Elle a également dû faire face à un bilan critique de l’action du gouvernement macroniste au cours des six dernières années, ce qui était moins efficace que lorsqu’elle jouait le rôle de cheffe de l’opposition.