Joé Dwèt Filé au cœur du débat : talent, héritage culturel et malentendu judiciaire ?

by b-empiremagazine
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Par B-EMPIRE Investigations

La star franco-haïtienne Joé Dwèt Filé, à l’origine du tube « 4 Kampé », aujourd’hui plébiscité dans plus de 94 millions d’écoutes, se retrouve au centre d’une controverse inattendue.

Accusé de plagiat par le célèbre producteur Fabrice Rouzier, l’artiste défend son œuvre, portée par une authenticité culturelle et un succès planétaire.

Mais que révèle vraiment ce dossier ? Joé a-t-il outrepassé ses droits ou est-il victime d’un système qui freine l’évolution naturelle de la musique caribéenne ?


« 4 Kampé » : un hymne moderne inspiré du toubadou

Sorti le 25 octobre 2024 sous le label DF Empire, distribué par Play Two, « 4 Kampé » est bien plus qu’un simple morceau :

c’est une relecture moderne de l’esprit toubadou, ce courant musical haïtien traditionnel mêlant humour, satire et récits populaires.

Avec un ISRC officiel (FR8FB2415700), des enregistrements déposés, et un processus de création propre, Joé Dwèt Filé a suivi toutes les procédures professionnelles.

Il a ainsi produit une œuvre indépendante, nourrie par l’ADN culturel caribéen — une tradition vivante, évolutive, libre d’inspirations croisées.


L’héritage culturel en question : où commence l’originalité ?

Le cœur du débat réside dans une zone grise :

la musique traditionnelle appartient-elle à tout un peuple, ou devient-elle la propriété d’un seul créateur dès qu’elle est adaptée ?

Joé Dwèt Filé, en puisant dans les codes du toubadou, perpétue un héritage commun — sans intention de nuire ou de copier un travail spécifique.

Dans ce contexte, certains éléments de similitude évoqués par Fabrice Rouzier pourraient être des expressions universelles du genre musical, non des créations individuelles strictes.


Droit d’auteur contre droit culturel : le choc de deux mondes

L’enquête révèle que si Fabrice Rouzier détient bien des enregistrements officiels pour « Je Vais » (création 2002, enregistrement 2025),

Joé dispose également d’une protection légale pour « 4 Kampé », sortie en 2024, avec ses propres droits enregistrés.

Ainsi, la légalité d’une œuvre enregistrée n’efface pas automatiquement la légitimité culturelle d’une autre.

Pour que Fabrice Rouzier obtienne gain de cause, il devra prouver :

  • Que les éléments copiés sont très spécifiques, au-delà de la simple inspiration traditionnelle,

  • Que Joé n’a pas créé sa propre expression artistique à partir d’un fond culturel commun.

Sans ces preuves irréfutables, Joé Dwèt Filé pourrait parfaitement défendre sa position et démontrer la bonne foi de sa création.


Vers une réconciliation plutôt qu’une condamnation ?

Loin d’une bataille de plagiat simpliste, cette situation soulève des questions profondes sur l’identité musicale, l’héritage collectif, et les nouvelles frontières du droit d’auteur.

Joé Dwèt Filé, aujourd’hui porté par des millions de fans, reste avant tout un ambassadeur de la culture haïtienne moderne.

Son succès montre qu’il est possible de faire évoluer un patrimoine ancien vers des sonorités actuelles — sans pour autant renier ceux qui ont pavé la voie.

La sagesse voudrait qu’au-delà des procédures légales, une solution soit trouvée pour célébrer ensemble la richesse du toubadou au lieu de la diviser.

Car au final, la vraie victoire serait culturelle, et non judiciaire.


Article écrit par :

Cheventong Vil pour B-empire Investigations

(Copyright © 2025)

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